Brochure "Réinventer les lieux de vie des seniors de demain"

Les Français dans leur très grande majo- rité veulent vieillir chez eux, à domicile. Cependant au-delà de ce souhait, très peu anticipent et se projettent dans leur propre vieillissement. On n’aime pas se voir vieillir... Et pourtant tout est plus facile quand on anticipe ! Nous avons tous en tête des situations de crise où il faut aller vite car la situation à domicile d’un proche n’est plus tenable. Dans le langage commun on parle de «placement » (en EHPAD) d’un proche. Cette expression est aussi violente que le vécu de la situation de part et d’autre... Or vieillir est une chance. Et c’est au tra- vers d’un autre regard sur la vieillesse que nous favoriserons la prise en compte de facteurs clés d’un bon vieillissement chez soi. À situation de santé égale, le loge- ment peut être plus ou moins protecteur. C’est une certitude, avec un habitat bien adapté et bien situé, on peut éviter les chutes, maintenir du lien social, conserver une autonomie avec des services proches du domicile... Si les seniors doivent évoluer en étant acteur de leur parcours résidentiel, les acteurs de la politique du logement aussi ! Et c’est le rôle de l’Assurance retraite, et des Carsat à l’échelon régional, que d’accompagner les deux parties dans ces nécessaires adaptations. Entre l’ancien logement familial et l’EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Per- sonnes Âgées Dépendantes), il y a tout un panel de propositions à faire émerger. La résidence autonomie (ex-foyer-logement ou Résidence pour Personnes Âgées) est souvent un modèle daté, basé principale- ment sur de petits logements, regroupés en trop grand nombre, ne favorisant pas les temps collectifs. Il n’y a pas «le bon modèle», les solutions de demain doivent être multiples car le public des seniors est hétérogène... C’est pour répondre à ce défi que la Car- sat Normandie et les CAUE normands ont proposé un travail prospectif à des équipes pluridisciplinaires (architectes, urbanistes, professions paramédicales, sociologues...). Notre ambition au travers de ce recueil est de montrer quelques illustrations possibles qui permettraient de développer des logements bien insé- rés dans la cité, en interactions avec la vie associative et les services de proxi- mité, et intégrant une dimension inter- générationnelle pour ne pas être dans la stigmatisation. Les modèles proposés (colocations, habitats partagés, multipropriétés, coo- pératives, foncières...) ne répondent pas forcément aux standards prévus par les circulaires et nous ne savons pas toujours à ce stade les accompagner. Il conviendra de fixer rapidement un cadre permettant d’articuler l’émergence de ces lieux de vie, tout en sécurisant les financements publics attribués... Si le logement doit être adapté à la per- sonne qui y vit, il doit aussi l’être pour l’en- semble des professionnels qui à terme pourront intervenir à domicile. On parle aujourd’hui d'EHPAD hors les murs ! Là aussi, cela pourra remettre en cause les règles actuelles de financement qui imposent de la mobilité au résident en fonction de son état de santé. Aujourd’hui nous ne sommes pas forcément prêts mais les seniors de demain et les porteurs de projet vont nous inviter à simplifier ! LE MOT DE LA CARSAT NORMANDIE “Tout en évitant de faire naître, chez les personnes âgées, un sentiment de dépendance, pourra-t-on respecter le besoin qu’ils éprouvent de conserver leur place dans une société normale, d’être mêlés constamment à des adultes et à des enfants. Pierre Laroque *, 1962 * Inspirateur puis premier directeur général de la Sécurité sociale de 1944 à 1951 5 4